Agriculteurs en colère : quand les assurances privées causent des dégâts à 100 %

Le monde agricole est en effervescence. Un nombre croissant d’agriculteurs, déçus et en colère, manifestent leur mécontentement face aux assurances privées qui, loin d’apporter sécurité et protection, semblent au contraire aggraver leur situation en refusant d’assurer des exploitations déjà fragilisées par les aléas climatiques. Leurs cris de détresse résonnent comme un appel à la solidarité dans un secteur où la résilience est mise à mal par des politiques inadaptées.

Une mobilisation remarquable à Morlaix

Le 5 novembre 2024, une vingtaine d’agriculteurs de la Confédération paysanne se sont rassemblés à Morlaix, dans le Finistère. Ils ont occupé l’agence de Groupama, dans un geste symbolique fort pour dénoncer le fonctionnement des assurances privées face aux risques climatiques. Au milieu d’un décor automnal, leurs drapeaux jaunes s’élevaient contre un ciel maussade, illustrant la profondeur de leur engagement.

Des désastres climatiques sous-estimés

Les agriculteurs, dont certains ont subi des pertes considérables dues à des phénomènes climatiques récents comme la tempête Ciarán, expriment leur colère face à une couverture assurantielle jugée inadéquate. Les messages, tels que « Assurance récolte : zéro pour les fruits et légumes ! » témoignent d’un désespoir croissant. Pour eux, la réalité est amère : les assurances, censées être un filet de sécurité, ne jouent pas leur rôle et abandonnent souvent ceux qui en ont le plus besoin.

Un nouveau régime d’assurance inadéquat

Depuis le 1er janvier 2023, l’ancien régime d’assurance qui proposait une certaine protection sous forme de « calamités agricoles » a été remplacé par un dispositif beaucoup plus restrictif. Les agriculteurs doivent désormais se tourner vers des assurances privées, mais ces dernières excluent de nombreuses activités agricoles comme le maraîchage diversifié, l’arboriculture ou l’apiculture. Cette exclusion crée un vide dans la protection des exploitants et les laisse en difficulté financière.

Les conséquences des choix d’assurance

Les témoignages d’agriculteurs comme Martin, maraîcher, illustrent bien l’ampleur du problème. Son refus d’assurance par une compagnie reconnue souligne un manque d’adéquation entre les besoins réels des agriculteurs et les produits offerts par les assureurs. La situation devient alors un véritable parcours du combattant pour obtenir une quelconque couverture, aggravant ainsi la précarité de nombreuses exploitations.

Le rendez-vous promis : une lueur d’espoir ?

Bien que la direction de l’agence ait promis un rendez-vous dans les quinze jours suivant cette mobilisation, le scepticisme règne parmi les agriculteurs. Les promesses de modification des pratiques assurantielles sont jugées peu convaincantes compte tenu des expériences passées et de l’absence d’engagement concret pour résoudre les problèmes systémiques rencontrés.

Appel à une approche solidaire

Le syndicat de la Confédération paysanne exige désormais une indemnisation basée sur la surface cultivée plutôt que sur le type de culture. C’est un pas important vers une protection plus équitable des agriculteurs. Ils militent également pour la création d’un fonds mutuel et solidaire qui inclurait les acteurs de l’aval comme le secteur agroalimentaire et la grande distribution, afin de mieux répartir les risques liés au changement climatique.

Un système d’assurance à repenser

Les lettres de mécontentement des agriculteurs dévoilent les failles d’un système d’assurance qui, plutôt que de les protéger, les plonge dans une spirale de désespoir face à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes. Les assurances privées, par leur logique de profit, ne peuvent offrir la couverture nécessaire à un secteur qui doit faire face à des enjeux climatiques sans précédent.

L’année 2024 est alors marquée par cette volonté de changement et l’expression d’une colère légitime face à une réalité où les agriculteurs se retrouvent souvent isolés, abandonnés par des systèmes censés les protéger. La lutte pour une assurance plus juste et adaptée aux réalités agricoles est loin d’être terminée. Les agriculteurs continuent de clamer que les agences d’assurance doivent changer car, pour eux, la vie sur le terrain dépend de cette mutation essentielle.