Surveillance algorithmique : l’Assurance Maladie cible les plus démunis et impose des pressions aux mères en situation précaire

La mise en place des algorithmes de contrôle social par l’Assurance Maladie soulève de vives inquiétudes quant à leur impact sur les mères en situation de précarité. En ciblant délibérément les plus démunis, ces outils numériques imposent des pressions supplémentaires sur des populations déjà fragilisées. Cet article examine les injustices liées à l’utilisation de ces algorithmes et met en lumière les dérives éthiques qui en découlent.

Surveillance algorithmique : l’Assurance Maladie cible les plus démunis

Depuis 2018, l’Assurance Maladie a mis en place un algorithme qui attribue un score de suspicion à chaque foyer bénéficiant de la Complémentaire Santé Solidaire gratuite (C2SG). Ce dispositif concerne environ 6 millions de personnes parmi les plus pauvres de France. En fonction de ce score, les foyers sont sélectionnés pour des contrôles approfondis. Plus le score est élevé, plus la probabilité d’être contrôlé augmente. Cette approche a des conséquences sévères, notamment pour les familles aux ressources limitées.

Des conséquences désastreuses pour les familles précaires

Les données accessibles révèlent que cet algorithme cible spécifiquement les mères en situation précaire. Selon des responsables de la CNAM, ces femmes sont perçues comme « les plus à risque d’anomalies et de fraude ». Subissant ainsi un plus grand nombre de contrôles, elles se retrouvent souvent exposées à des suspensions abusives de leur couverture santé, entraînant des ruptures d’accès aux soins, non seulement pour elles mais également pour leurs enfants.

Imposer des pressions aux mères en situation précaire

À travers cette stratégie de ciblage, l’Assurance Maladie instaure un climat de méfiance envers les mères précaires. La description dans des documents officiels d’un « profil-type du fraudeur » incluant spécifiquement des femmes de plus de 25 ans avec des enfants renforce cette stigmatisation. Ce biais ciblé, renforcé par le score de suspicion, amène ces mères à se sentir sous surveillance constante, créant un stress additionnel dans leur vie déjà difficile.

Un algorithme aux biais inacceptables

Les éléments constitutifs de cet algorithme, comme le genre et la présence d’enfants, révèlent des biais inacceptable. Bien que la précarité économique ne soit pas un critère explicite, les bénéficiaires de la C2SG, parmi les plus défavorisés, sont concernés. Ainsi, l’algorithme privilégie un profil qui perçoit déjà les mères en situation de vulnérabilité comme des potentiels fraudeurs, alimentant un cycle de discrimination et d’injustice.

Une approche déshumanisée de la politique sociale

Les documents relatifs à la construction de cet algorithme montrent une préoccupation minime pour les conséquences humaines de ces outils. Rédigés par des statisticien·nes, ces travaux se focalisent essentiellement sur l’efficience, négligeant totalement l’impact sur les individus. Cette démarche technocratique déshumanise les décisions, laissant dans l’ombre les répercussions sur les bénéficiaires.

La numérisation du contrôle social

La numérisation des politiques de contrôle, à travers des algorithmes opaques et complexes, réduit les interactions humaines et les considérations éthiques à de simples calculs mathématiques. En s’appuyant sur des outils numériques, les responsables administratifs se déresponsabilisent tout en appliquant des politiques de contrôle qui intensifient la pression sur les personnes les plus vulnérables.

Un défi pour l’équité et la justice sociale

La réalité de ces pratiques soulève des questions profondes sur la justice sociale et l’éthique de l’intervention publique. Alors que les politiques sociales devraient œuvrer en faveur de la protection et du soutien des plus faibles, l’utilisation des algorithmes semble plutôt conçue pour renforcer le harcèlement institutionnel. La méfiance et la stigmatisation envers des populations déjà affaiblies mettent en lumière les dérives d’un système censé viser l’inclusion et la solidarité.